San Juan La Laguna

Couleur café = rouge !

[buttonC text= »Carte de San Juan La Laguna » url= »https://goo.gl/maps/vcSQzCX6vXS2″ color= »#cbbc9b »]

Mon meilleur café du voyage

Je sirote mon meilleur café du voyage à l’ombre de la terrasse d’un petit restaurant de San Juan la Laguna. Le guide cueille le fruit rougeâtre d’un arbuste à proximité et me le tend pour me le faire goûter. Sur le coup, je ne devine pas de quoi il s’agit, car la fève n’a pas encore ce fameux goût grillé qui sait si bien la mettre en valeur. Pourtant il s’agit bien de cela ! Je lève les yeux et il y a une petite plantation de café autour de nous. Avoir une culture de café dans sa cour arrière, pourquoi pas ? Impossible de parler du Guatemala sans parler du café. Au fil de mes recherches, j’apprends alors que les plans de caféiers sont associés à l’élevage d’une variété de cochenille, un insecte qui est à l’origine du pigment rouge carmin, nécessaire en teinture. Je suis stupéfaite. Café et costume, tout est lié !

Provenance du rouge naturel

La cochenille est un parasite du caféier. La femelle et ses oeufs produisent de l’acide carminique pour se protéger des prédateurs. Cette acide donne un colorant naturel d’un rouge intense, cramoisie. Jusqu’à l’apparition des teintures industrielles, ce fût un produit d’exportation majeur en Amérique Centrale. À noter que le pigment rouge carmin naturel, provenant de l’acide carminique, est toujours employé comme colorant alimentaire et dans les cosmétiques. Ainsi, les plants de caféier ont servi à l’élevage de cochenille jusqu’à l’apparition des teintures industrielles. Ce n’est qu’alentour de 1820 que le café gagne assez en popularité comme boisson pour qu’en 1835, une première exploitation exclusive au grain de café prenne racine au Guatemala. L’augmentation de la production et l’exportation débutèrent en 1859.

La culture du café aujourd’hui

Mais il y a aussi un côté sombre à l’exploitation du café au pays car son histoire est indissociable de l’oppression des populations autochtones, de l’expropriation de leurs terres et de l’exploitation de la main d’œuvre. Or, depuis la fin de la guerre civile en 1996 et l’apparition du commerce équitable, des coopératives locales se sont organisées et la culture du café peut contribuer à réduire les inégalités. Depuis 2006, le sceau «Les petits producteurs du sud» garanti non seulement le café équitable, mais aussi l’autonomie des producteurs de plantation de moins de 15 hectares. Pour plus d’information, je vous invite à visiter la page du Projet accompagnemement Québec-Guatemala, qui vend le café Justicia. http://www.paqg.org/cafe

Pour ceux qui s’intéressent plus largement à l’origine des pigments : Histoire des pigments rares ou celui-ci, plus complet et avec un angle scientifique: Couleurs et pigments .

Pour voir quelques images de la culture de café, ce montage photo vidéo commanditée par Nespresso, est intéressant. Or, il fait référence au village Todos Santos, plus reculé dans les Hautes-Terres (en passant, on y voit vraiment très bien le costume traditionnel masculin des Mams. Selon plusieurs sources, c’est l’un des seuls endroits où les hommes le porte toujours quotidiennement.)